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Marrakech, l’écho absent des douloureuses métamorphoses

Il est des matins où, avançant à travers Marrakech, je me sens comme un hôte dont on aurait négligé d’annoncer la fête. Chaque détour m’offre l’impromptu d’un chantier, chaque artère alourdie sa lenteur sans qu’une voix ne daigne s’en excuser. Je me heurte alors aux barrières, aux déviations, aux bruits et aux poussières, sans que mon indulgence ne soit appelée, ne serait-ce que par un mensonge poli, un de ces panneaux qui, ailleurs, affirme le regret des maîtres face aux tourments infligés aux passants. Rien. Dans la rumeur silencieuse de cette métamorphose urbaine, je ne suis qu’un vulgaire passant parmi d’autres, privé d’un regard, d’un mot, d’une promesse. Et, dans cette indifférence, le visage même de la ville se dissout, s’éloigne, révélant sous son ombre vacillante la sourde inquiétude de m’y sentir désormais étranger.

Je me demande si, au fond, ce ne sont pas moins les travaux que le silence qui me blesse. N’aurait-on pu offrir un mot d’excuse, même ténu ? Est-ce vraiment la poussière des chantiers ou l’indifférence—ce vide de considération—qui me fait vaciller dans mes propres rues ?